Andréa ne fut pas mécontente, ce matin là, de se lever aussi tôt. Il est vrai que d'habitude, elle aimait plutôt trainer au lit, mais ce matin était différent, elle partait enfin de chez elle, pour se créer une nouvelle vie ailleurs, dans une école, qui heureusement pour elle, était un pensionnat, elle ne reviendrait chez elle que pendant les vacances d'été.
Elle se leva donc tôt, et s'habilla d'une longue jupe noire, et d'un haut de même couleur. Ses parents étaient déjà levés. Le train partait à onze heures, et Andréa ne voulait pas le manquer. Sa valise déjà prête depuis quelques jours fut la première chose qu'elle vit et elle ne put s'empêcher de sourire, ce qui était rare.
Elle avait hâte de partir, et d'avoir enfin un lieu qu'elle considèrerait comme sa maison, où des gens l'aimeraient.
Sur ce point, elle se faisait surement des illusions, mais elle ne pouvait s'empêcher d'y songer.
Elle descendit prendre son petit déjeuner, et une heure et demi après, elle était prête à monter dans la voiture. La gare de King Cross n'était pas tout prêt de la maison, et elle avait une heure de voiture devant elle, qu'elle comblerait en lisant. "Arsène Lupin" conviendrait très bien, et elle se plongea dans une des aventures de ce gentleman cambrioleur français.
L'excitation l'empêchait de lire, et elle regardait sans cesse par la fenêtre pour apercevoir la gare. Finalement, ce qu'elle attendait apparut, et la gare fut en vue. Aucun mot n'avait été prononcé dans la voiture, entre ses parents et elle, mais elle était habituée, et doutait que son départ leur causa la moindre peine. Enfin, elle se retrouva devant la locomotive rouge, après avoir dit aurevoir à ses parents. Sans une larme. Elle était trop heureuse pour ça.
Sa valise à roulettes derrière elle, elle monta dans le train cherchant un compartiment vide, pour elle, tout en serrant sa croix, mais le seul qui lui plut fut celui dans lequel une fille de son âge regardait par la fenêtre. Elle n'avait pas l'air méchante, mais de toute façon, Andréa ne comptait pas lui parler, juste s'asseoir ici, pour patienter jusqu'à la fin du voyage.
Elle entra donc, et sans un mot, s'assit sur la banquette libre, sa valise à ses pieds.